Relativiser (ou pas)


h1 10/15/2005 11:20:00 PM

J'ai passé une bonne soirée, invité ma famille à gouter ici, puis diné chez eux. Après le repas, j'ai aidé ma petite soeur à comprendre de la chimie. Elle est en troisième, on lui fait faire deux trois trucs avec des ions, compter des électrons, équilibrer des dosages dans une solution. A la fin elle avait pigé, ça fait plaisir.

Au début de mes explications, je choisis de lui dessiner les charges positives dans le noyau et les électrons porteurs de charge négative qui gravitent autour, de lui expliquer que la charge est la somme de toutes ces charges élémentaires, et que donc quand on lit Na2+ c'est qu'il y a deux électrons de moins, pas de plus, que de charges positives. Cela l'embrouillait de devoir penser à cette addition, ou plutôt soustraction car ça doit encore être différent dans sa tête. Lui avoir raconté l'analogie avec les satellites et expliqué pourquoi ceux-ci ne s'écrasent pas sur la Terre malgré la gravité n'a rien arrangé. Bref, je suis retourné à des discours plus simples, ignorant le calcul sous-jacent. Et ça a fini par rentrer, la confiance est venue et elle fait tous les exos à fond la caisse maintenant. Plus tard il s'agissait d'équilibrer un dosage d'anions et cations, je me suis retenu de lui expliquer que sommer les charges de chaque ion revenait à sommer les charges élémentaires de tous les ions, et que multiplier les quantités de tous les composants de la solution par pareil ne change rien à la charge.

Pourtant ce qui est beau en science, ce sont ces transitions où l'on arrive à comprendre les mécanismes sous-jacents aux systèmes étudiés. On raffine ainsi petit à petit des modèles, capturant de nouvelles propriétés ou possibilités. On comprend les éléments qui entrent vraiment en jeu dans un phénomène. Mais il faut savoir renoncer à aller plus profond tout le temps, personne n'a objecté à Einstein que ses travaux étaient un tas de non-sens complets, quand ils sont lus par un japonais ignorant tout de l'anglais -- ou de l'allemand, faites pas chier. On ne peut pousser au bout l'attitude philosophique remettant en question le sens des mots, exacerbant la subjectivité de chaque sensation, idée, etc. Et pour ma petite soeur au collège, il fallait pas forcer.

Je crois qu'il n'y a pas de vérité absolue, pas de modèle ultime, de "compréhension du monde". C'est très flou comme croyance, mais croyant cela j'accepte aussi la floutitude du propos ;) En tout cas c'est un point qui m'oppose à Martin. Et je me suis plu ce soir à remarquer que cette idée entraine aussi qu'on pourra toujours en science décomposer, découper, reconsidérer et s'émerveiller. Et je suis content de croire à ça. Si vous me demandez l'intérêt de creuser toujours plus, je vous réponds en japonais.

2 commentaires:

  • Intéressant propos, que je partage à peu près, surtout mathématiquement, puisque Gödel dis globalenement quelque chose comme ça. Ce qui est bien puisque ça veut dire qu'on n'aura jamais l'occasion de s'ennuyer en sciences.
    Sinon, c'est quoi l'intérêt de creuser toujours plus.

    Par Blogger Nicolas, Ã 16/10/05 01:11  

  • せねぱ づじゃぽね

    Par Blogger mrpingouin, Ã 16/10/05 03:02  

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